Agentivité
L'agentivité est la perception de soi comme acteur du monde. Ce n'est même pas l'intentionalité, d'être acteur derrière un objectif, c'ests implement se reconnaître comme acteur. C'est un concept qui va de l'évidence à la profonde réflexion. C'est évident que je commande cette main qui saisit un verre quand j'ai soif ou qui tape mes pensées sur le clavier. Mais c'est parfois vertigineux de se dire qu'ainsi ma pensée, de son plus indicible, est d'une façon, simplement de ce monde. Voilà l'agentivité, c'est bien moi qui agis.
Une étape de plus dans l'agentivité est de se reconnaître dans le miroir, cet autre n'est autre que nous-même. Regardez ! Il bouge avec moi, ni avant ni après, en même temps que je bouge, en même temps d'ailleurs que je souhaite bouger : ce corps dans l'envers du miroir, avec un peu d'oubli des inverses, je parviens à le guider aussi bien que ce corps de notre côté.
L'étape où je veux vous amener est l'agentivité dans un autre reflet, vous m'aurez peut-être senti arriver avec mes histoires de reflet. Et pas n'importe où : dans la tapisserie de Vue. Ici à nouveau, c'était prévisible. Dans Vue la dame présente un miroir à la licorne et dans ce miroir l'on voit la licorne. Je vois trois possibilités : 1) la licorne regarde son reflet et l'auetur de la tapisserie a cherché l'effet artistique en représentant la licorne, peut-être aussi l'effet symbolique avec le contraste du blanc et du noir appelant à la dualité créatrice ou peut-être au monde du mélange manichéen ; 2) la licorne nous regarde, puisque nous voyons son reflet, alors nous sommes de son monde et les Tapisseries nous invitent à elles, remontant en elles par de fabuleux jeux de regards ; 3) la licorne est notre reflet.
La troisième option est assez clairement la plus intéressante. La licorne est notre reflet. Imaginez que vous tournez légèrement la tête et qu'elle aussi, que vous baissez le front et elle abaisse sa corne, vous plongez le regard et elle splonge son regard dans le vôtre.Après quelques jeux d'agentivité, vous vous reconnaissez. La licorne, plus vous l'oubliez qu'il est étrange qu'elle soit vous et mieux vous la guidez, elle est simplement vous, presque sans subtilité, assez brutalement. Cette chymère symbolique faite de toutes sortes d'opposés : la naissance et la mort du Christ, la pureté et la vigueur, l'homme et la femme, l'existence et l'inexistence, tous ces impossibles associés sont simplement en vous. Vous vous reconnaissez non dans l'inconscient mais dans la dynamique inconsicente d'usages d'inverses, de ce qui a été enfoui par les philosophes médiévaux dans ce coffre fort, ce beau reposoire qu'est la licorne. La licorne est simplement une part de vous, et c'est elle que la dame veut auprès d'elle. Il est question de cesser de questionner son réel, de s'apercevoir qu'avec vous elle bouge, jeu de vos élans d'âme.
L'on se reconnaît dans la licorne et la dame présente le miroir : elle est l'intermédiaire la dame, elle est des deux mondes à la fois, le nôtre et notre licorne. C'est le fabuleux des figures de l'altesses : elles sont immuables, dans l'intermédiaire, semblables dans les deux mondes. La dame auprès de la licorne est la même qui nous est présente. De même la Vierge, la Chekinah et Sophia, Ellen et Isis, elles sont identiques dans les deux mondes, comme la prêtresse miko et la dj s'oubliant dans son set.
C'est très simple, la licorne dans le miroir de la dame se révèle vous. Ne vous en étonnez pas. Reconnaissez-vous, simplement.
Licence :
6 tapisseries © 2024 de Aowashi Suzuki, notamment son contenu texte, est mis à disposition selon les termes de la licence Attribution-NonCommercial-NoDerivatives 4.0 International (fr : Attribution / Pas d'Utilisation Commerciale / Pas de Modification)

