Pacôme Thiellement : enchanteur de ce monde
Sans tes encouragements, surtout sans ces discussions dont je suis chaque fois sorti des idées plein la tête, ce livre n'aurait jamais vu le jour.
Catalina Vicens : enchanteresse de ce monde
J'ai écouté l'album Partenia en boucle pendant presque toute l'écriture de ce livre. Chaque fois j'ai levé les yeux de l'ouvrage à 03:05 de La recercada per b quadro del primo tono
Sur l'apprivoisement d'une perruche : Aérien
Mon rêve, apprivoiser une perruche, mais ce serait compter sans le chat.
Site de Jacky Lorette sur les Tapisseries : actuellement hors ligne
Jacky, je n'ai pas trouvé votre contact.
S'il vous plaît, faites-moi signe !
Liens Web
Site des éditions Le Feu Sacré :
J'ai découvert le tarot Perino à l'état de plaques de tilleul, dans une vidéo qui sentait l'encre. Merci Le Feu Sacré d'avoir permis son incarnation.
Remerciements
Comment faire des remerciements sous un pseudonyme ? Pourtant il le faut, dire merci.
Je remercie ma femme divine, ma petite souris.
J'ai déjà remercié Pacôme, qui a été le sel alchimique de l'œuvre.
Je remercie mon ami Nabokov, meilleur relecteur et commentateur, conseiller, motivateur, que j'ai connu.
Je remercie mon ami Atsushi qui a tenté de m'accompagner dans la folle idée d'une traduction de ce livre en japonais.
Je remercie mon ami napolitain pour sa patiente retranscription des dialogues de La dolce vita.
Je remercie mon ami nocturne à lunettes, mon ami compositeur électro, mon amie suisse allemande, mon cousin, mon ami plus fort que la mort, mon ami au beau pavillon, d'avoir accepté de me relire.
Je remercie toutes celles et ceux, mortes ou vivantes, qui nous ont légué leurs pensées, auteurs, musiciennes et musiciens, poétesses et poètes, réfléchisseurs et réfléchisseues, vidéastes, cinéastes, actrices et acteurs de la grande scène.
Tracks
Dirty Old Town
Amsterdam
demain
mercredi 17h49
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Son Histoire
Cette nuit la jeune fille me conta son histoire. Elle me souffla d’en dedans sa tombe des mots froids que je fis vivre.
C’était il y a fort longtemps.
Écoutez et voyez : le sabot claque, imprime son arc et rejoint le ciel dans un nuage de poussière. Ainsi se suivent, quatre coups puis recommencent, encore, encore, encore. Arrivé à une certaine cadence, regardez le corps de l’animal qui semble avancer et reculer dans sa course. Noir comme une nuit, agacé par l’étoile au talon de fer, regardez le glisser au loin, disparaître et réapparaître entre les collines jaunies par les foins. Sentez vos frêles mains sur la froide pierre. Écoutez les battements du cœur d’une vierge voyant jaillir l’inconnu. Plongez vous maintenant dans l’air du soir et fixez cette ligne où le soleil se brise en cent éclats rouges. Tout s’envole en vous, tout. Seule une idée demeure : ce chevalier vous emmènera. Et une larme vous vient.
Maintenant regardez par la fente d’un casque. Sentez la soif, le tumulte assourdissant du cheval et le dedans de l’armure qui vous blesse à l’encolure. Au loin un château se dessine puis disparaît au gré des collines. Il rougit à la lueur du soleil qui se brise. Et alors vous voyez en souvenir le spectacle d’un château à peu près identique. Il valsait, bercé par vos flammes assassines. Et vous riez à vous assourdir.
Prisme et Contretent
En optique, un prisme est un dispositif utilisé pour réfracter, refléter, disperser ou polariser un rayonnement lumineux [wiki]
Contretent : c'est incroyable, au moment où j'écris, aucun moyen de retrouver ce fichu mot, Wikipedia, Claudio Veggio, ricercare, pas contretemps, contrepoint rigoureux, polyphonie, dissonance, premier renversement, second renversement, ou harmonie tonale. Le mouvement de contretent m'a longuement habité hier, en de longues heures à dicter mes pensées. Deux lignes mélodiques se succèdent, musique renaissance, clavecins. J'écoutais "Recercada per b quadro del primo tono", par Catalina Vincens, pour la première fois je l'écoutais les yeux fermés. Habituellement je suis en train d'écrire, écoutant pour la cent et unième fois "Il Cembalo di Partenope", en boucle comme des spirales. Chaque fois au même instant la musique m'arrête d'écrire, le même morceau, je le contemple un peu avant de réécrire. C'est un contretent, deux lignes mélodiques, parfois plus. D'abord elles se succèdent, ligne mélancolique, ligne exaltée, ensuite elles se confondent, elles se rapprochent, elles se répondent et s'enrichissent, elles tournoient, s'entremêlent, se mélangent, puis à 3:05 un tournoiement absolu tel la corne d'une licorne ou de Nerval, dans une tension vers l'infini, dans une envolée. Le mélange a formé une nouvelle teinte, celle de l’œuvre au jaune, de l'androgyna.
Il y a ici du sublime, je comprends à présent pourquoi chaque fois ce morceau m'arrête. Il y a du contretent dans tant de phénomènes du sublime. La musique, le blues, la tapisserie d'Ouïe sont à contretent, elles invoquent des sentiments dissemblables et dans une danse elle s'associent et créent un lieu unique où elles peuvent co-exister, un ailleurs absolu dans lequel leur tournoiement nous a élevés. Et ce lieu est tout proche du basculement, il est sur le chemin. Je contemple me pensées et souvent le contretent apparaît. En musique, en poésie ou au cinéma, le contretent avance comme une succession, comme une sinusoïde laissant au-dessus et au-dessous de la ligne des hémisphères blanc au-dessus et noir au-dessous, se succédant, plus ou moins haut, avec des ascensions, des descentes, des angles qui s'enrichissent, se répondent, toujours de noir et de blanc, ils se succèdent, puis la ligne s'ouvre et donne place à un invisible. Nous dansons dans l'invisible.
Dans la musique, dans le film, dans le poème, les tonalités, les harmonies se succèdent et c'est un peu dans la mémoire du spectateur que se fait le contretent. Qu'en est-il d'un tableau, d'une photo, d'une tapisserie ? Les couleurs sont ensemble, les moments coexistent. Et pourtant si contretent il y a, il crée l'invisible sur la brisure de la ligne, cette ligne qui en mathématiques est d'une finesse infinie, tendue entre deux points infiniment éloignés (la kabbale nous enseigne cependant qu'il n'y aurait pas d'infini). Si le contretent existe, il est évident, il nous capture, comme le morceau de musique que l'on écoute en écrivant, comme une tapisserie qui nous captive enfant et que l'on comprend trente ans après. Peu importe que l'on y pense, qu'on le géométrise, il tournoie, il s'enroule tel deux rubans virevoltant autour de la baguette. Le contretent nous élève sans notre accord, sans notre compréhension, et c'est ce qu'il y a de sublime, il nous élève sans qu'on le sache.
Prisme : pochette de Dark side of the moon, un faisceau blanc entre dans le triangle et s'écarte en six couleurs.
Une fois que je levai les yeux en entendant la recercada, j'imaginai des ovales comme autant d'âmes, mauves, les unes proches des autres, parfois en s'entremêlant, faisant différentes teintes entre le rose et le violet. Les ovales, d'abord alignés à perte de vue, s'incurvèrent comme une coupole, tous tournés vers le centre, finement déformés en amandes, comme sensibles à une gravité très discrète. C'était seulement une image, incomprise. Les ovales, les âmes en amandes, ne furent bientôt plus que trente, comme les trente oiseaux du Mantic Uttair, tellement brûlés au feu spirituel qu'il ne reste plus que cendres de cendres d'eux-mêmes. Les trente oiseaux, les trente ovales mauves, regardent ensemble et dans le reflet de leurs trente âmes réunies, ils voient le Simorg. Ils, elles, regardent, se dirigent ensemble, donnent une version, un relevé chaque fois différent. Elles sont chacune d'un point d'une couleur du dégradé de l'arc en ciel, et en regardant ensemble un même point, le prisme se forme, allant des couleurs vers la ligne de lumière qu'elles suscitent, qu'elles invoquent, à l'envers.
Ce n'est pas un prisme dispersant les couleurs, mais un prisme polarisant la couleur en lumière. Un prisme tel que ce qui est en haut est comme ce qui est en bas. En chaque âme un fragment, un reflet, une signature. Et les âmes réunies, en se polarisant, laissent apparaître. Qu'en penser de l'expérience spirituelle ? De belles formes et de beaux mouvements à l'esprit, j'imagine d’innombrables contemplations, des émerveillements, des résonances que j'ai connues comme autant d'harmonies du gigantesque contretent, dispersées à travers le temps par lequel le monde est si grand, en se polarisant, ces moments perdent leurs dissemblances, ne reste que le commun, la pureté de l'âme, et la lumière qui l'habite. Ainsi va le chemin de l'âme, par mille et un reflets.
C'est le moment de finir, mais tant pis. Les vampires. Car il en faut toujours un peu pour les vampires, car ce sont eux qui s'imposent à nous, surgissant de la nuit, nous pliant à leur langueur. Imagine une recercada, l'ombre répond à la lumière, l'ombre n'arrête pas la lumière qui la pénètre, mais l'ombre revient intacte lorsque la lumière s'éloigne, le jour et la nuit se succédant inlassablement, s'entremêlant à la brisure, au crépuscule. Le vampire, sensuel, subtile, océanique. Un jour où je questionnai mon cher cousin sur le sens de sombres cérémonies païennes, il me répondit que comme moi, comme nous, ils contemplaient une porte. A présent j'imagine une pièce de la coupole, des dissemblances du prisme, autour d'une porte qui s'ouvrira par l'ensemble des pièces du miroir. Le vampire et ses amis ont du spirituel, beaucoup de mocheté et de noirceur mais il y a du vrai, des branches du chemin. Il nous faut toutes les branches du chemin, tous les morceaux du miroir. Et le bien est toujours plus difficile que le mal.
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