Romance - Lascive
Je veux des sens, comme "Romance gothique". Pour l'écrire je venais de parcourir un site d'images gothiques sur Instagram. Comment s'appelait-il déjà ? Je vais chercher ça et peut-être une nouvelle fois décrire les images.
Des bribes de ci de là viennent dessiner un portrait charmant. Elle est au début cette femme rousse d'une peinture de Klimt, lascive, allongée sur des draps blancs, le poignet à la naissance de sa chevelure, les jambes penchant, les yeux clos, elle ressent les va-et-viens dans une joie lisse, permanente, orgasme féminin extatique et doux gémissements. Elle est entre deux fenêtres laissant percer la Lune, cheveux et ongles longs, dépasse une corne, pendant à son cou un long, long collier descendant bas, très bas. Elle caresse les claviers de l'orgue de bois, aux vents agités par de plus douces mains encore, elle sourit et regrette, injustice allant telle une embarcation sur les cercles du lac. Éternel va-et-vient, gémissements et soupirs, lentement élevée d'avant en arrière, de haut en bas, laissant sa tête basculer, et je sens avec elle les caresses intérieurs en frémissement au seuil de la jouissance, mais assez doux, caressant l'inlassable fourrure, d'arrière en avant, de haut en bas, saisie par les épaules et tirée plus fort encore dans son mouvement incantatoire, pénombre et apparition, le plaisir est là au dehors, il vit, il est, il se verrait presque, je ressens avec elle et par elle, ce qui est apparu là dans un prisme, je ressens avec elle jouissances nouvelles. Et plus encore je lui donne jouissance et voluptés.
Des six dames sur les Tapisseries. J'en ai assez de ce mot tapisserie ! J'en ai assez, assez, assez de ce mot ! Et pourtant c'est le titre de mon site et de mon livre. Oui, 6 tapisseries, l'énigme. Mais pas ici, ici est l'envers des tapisseries, comme un envers de miroir, la profondeur, le monde, autonome. Ici de l'autre côté de la surface du miroir, c'est l'intérieur de la tapisserie, la dame, la licorne, ici, sont réelles. Ici comment dire que je reparle des tapisseries ? Je m'étais passé de La Dame à la Licorne, à présent je veux me passer de "tapisserie". Il est question de faire l'expérience du sixième sens et nous, pire encore que de nous en tenir à la vue, nous en sommes à un a priori de la vue, celui d'un support. Il en fallait un, et de la plus grande des finesses, du plus haut luxe. Ce nom ne peut être le support. Alors en miroir, ici je parlerai de La Dame à la Licorne.
Je reprends, "Des six dames sur les Tapisseries", laquelle est dans cette langueur ? Toucher, Ouïe ou Vue. Passage par la Galerie du site. Toucher, oui la caresse de la corne et de la lance, sourires esquissés, montée vers l'orgasme. Ouïe, ni la dame ni l'accompagnante ne jouit, la licorne est "belle comme les vagues". Vue, ici non plus. Revoyons les autres. Odorat et Désir, non. Goût !
C'est d'elle que le premier regard tombe amoureux, pas encore ne m'a-t-elle remarqué, oh si, mais elle ne me porte pas le regard, elle ne quitte pas de ses yeux clairs la verdure de l'oiseau et s'y reflète une âme sensible et douce comme les lignes de son corps, sur ses lèvres une brillance suscite un sourire, séduction séduite, descendant dans les délires de sa parure. L'or est une stupeur, un saisissement, un éblouissement, tout ici est éblouissant autour du soleil de la robe étincelante, ici tout est une forme d'entrée dans le plaisir, c'est ici le seuil de la jouissance, c'est ici qu'il faut se rendre, ici est la porte, l'orgasme ne se représente pas, c'est sa condition qui se dit. La dame, regardez où va la scène, regardez bientôt elle nous regarde, repose la perle et nous invite de la main à la rejoindre, tout près d'elle, glissant le bras derrière elle, vous contre elle, tout proches, frémissent vos lèvres, baignés de son regard, joue contre joue, près à vous toucher, à fleur de peau vous ressentez comme elle ressent, et tout est luxe, calme et volupté. Elle vous entraîne à elle et de sa jouissance vous jouissez vous-même et l'âme, le regard de la perruche darde sur vous, simplement, et se réjouit de vous. L'âme de la dame et votre âme vous réunissez dans un même soupir. Parvenus à l'extase, vous vous sentez monter à la brisure du ciel et porté par son regard, en suspension de temps et de lieu, vous avancez vers la surface du miroir et ne voyez à présent que votre reflet et d'échanges de regards sous l’œil mi-clos de la dame, tout se reflète et c'est ici que la scène a sa réalité, c'est ici que se meuvent les intérieurs, découvrant qu'ici ce ne sont que les corps qui dansent, et de l'autre côté c'est l'intérieur qui se voit.
Le contenu du reflet, son espace, existe immuablement, seulement par le miroir il se voit, fenêtre ouverte sur lui, mais sans miroir il est toujours là, dans une dimension perdue. Danse des âmes dans l'éternel désir, saisissant la langueur de la caresse dans une crinière, comme les deux sensations se continuent, de la dame et de la licorne. Par le jeu des reflets vous êtes la licorne et la main s'entremêle dans votre crinière, vous caressant, elle incline votre tête vers la surface du miroir et vous ne voyez plus le cadre ni la scène, vous sentez darder sur vous l’œil mi-clos et ici dans l'autre scène, de l'autre côté, ici dansent les âmes en longueur verticale, s'élevant en fins entrelacs, en volutes s'effleurant.
Altesse, ô Altesse prenez-moi auprès de vous, caressez-moi tendrement et d'un air grave regardez moi, et dites moi de ce regard les antiques et plus antiques encore des amours. Je me veux lover en vous, ma Majesté, et en vous agiter le plaisir et tendre ce corps vers de tendre délacements, allant et venant, dame de regard nos âmes s'enlacent de l'autre côté du miroir. Et l'une en l'autre font monter le plaisir, au seuil, au seuil, au seuil, se tenant sur le seuil, ajoutant du plaisir au plaisir, au va-et-vient, et tendant, vibrant de l'archer sur les cordes tendues, tendues, retenant son souffle et partant de ce corps pour tenir, encore faire vibrer les cordes de musique, encore et encore, ici jamais ne cesse le plaisir et plus encore, plus encore et l’œil tout à fait clos à présent nous sommes dans l'ombre la plus obscure des obscures et pourtant croit en elle la lumière cendrée de la Lune, dans nos regards clos, dans le clos du clos de l'âme dans l'envers du miroir nous sommes ensembles et anges aux ailes déployées nous faisant face de cette distance emplie de nous-même, rien d'autre au dehors, ici ce sont nos corps qui se conjuguent et le plaisir est plus grand encore que l'union des corps et ici croit un écho, vibrant écho dans ses parois d'or et fascinante sonorité de l'amour vibrant en lui-même. Qu'as-tu à m'apprendre ici, âme de l'âme, ici je n'ai rien à t'apprendre dans l'usage des mots, ici les lèvres bougent mais rien n'est prononcé, ici l'énoncé rejoue la scène et les sensations rejaillissent, sans eau pourtant elle coule sur nous. Ces images, ces tableaux intérieur, pourraient aussi bien être des tapisseries et l’Ouroboros a trouvé sa queue, les tapisseries du plus superficiel et du plus profond d'elles-mêmes.