La nuit
Elle est si unique, si constante, la nuit. Les jours se multiplient, chaque jour est unique, il a son histoire. La nuit vient comme un apaisement, posant son réconfort. La nuit, évidente, appelle à ce qui a été, à ceux qui nous ont précédé ici, une foule d'instants. Et les yeux clos sur l'ombre, le sommeil complète la nuit.
Un sujet certainement rabâché que celui de la nuit. Il y aurait de quoi écrire un livre, de quoi tenir un site. De quelle partie de la nuit alors parler ? De la mienne certainement, sans démonstrations, sans autre support que ma propre nuit. J'écris, à la fenêtre "le Soleil se noie dans son sang qui se fige", noircissant le ciel. Des bribes de flûte me parviennent, montant du Zoukalo, aussi le vent ou les voitures, des voix par une fenêtre et au loin des basses. L'écran est réglé en sombre, le clavier rétro-éclairé fait l'interface, les lettres telles des étoiles sur les touches, voilà un détail auquel je n'avais pas songé en achetant cet acer swift slim, je l'aime bien cet ordi, comme ce net book sous linux que j'avais gardé des années.
J'ai eu une période astronomie, je montais sur le champ ou j'allais par les chemins, je me souviens la constellation du cygne, diamants sur un velours noir. Ce que j'ai préféré dans ces sorties, c'est la nuit, le ciel constellé, j'ai pensé que ce même ciel est vu depuis des millénaires, que dès que se franchit la porte du foyer, c'est ce ciel sur lequel se projettent les songes. Au dedans, valse la pièce à la flamme d'une bougie, et valsent ses ombres mouvantes, faisant des recoins que nulle lumière ne viendra éclairer. La nuit apparaissent des ombres invincibles. Ombre où tout peut disparaître, ombre de l'oubli.
Profitons de ne pas dormir pour songer à cette ombre exhalant les ténèbres, allons par les arbres gémissant, foulant les feuilles, voyant les fins nuages enlacer la Lune. Ici tout s'éveille, le vampire se lève dans sa tombe, il regarde la nuit, il nous suit sur ce chemin, ne froissant pas le sol, il nous suit, nous, humble visiteur, il nous suit, scrutant cet espace entre le col et la chevelure, peau sous-tendue, c'est d'ici et seulement d'ici qu'il se soucie. N'oublions pas qu'ici est un voyage en votre intérieur, que c'est vous ce vampire et que c'est vous allant son chemin, à sa merci. Le vampire plane, sous sa cape, fondant sur la nuit, ses griffes vous saisissent par les épaules, vous projetant la tête en arrière et dans la bascule vous croisez son regard embrasé, les crocs fendent la peau, cet ici si sensible et vous sentez battre au dehors votre sang, le vampire de son baiser se lie à vous. Vous, votre sang, êtes du vampire, vous partagez l'ivresse, et la douleur se mêle à l'envie, pente vers la mort, à la dernière goutte, douce langueur et intimes caresses. Une envie qui va, comme des mains frôlant le corps, comme des lèvres posées sur la bouche, comme un soupir à l'oreille, comme un alcool filtrant, ivresse immobile, nous caressant en ces endroits sensibles que nous seul savons, il irait là où se fait l'ombre en nous, là toucherait le baiser du vampire, nous irions l'un mutuellement à l'autre, et nous serions vampire nous-même, nous abreuvant de délices, de désirs des noirceurs de notre âme. Notre âme, ce diamant obscur aux inscriptions infernales.