proto-Syndrome

Longue longue est l'attente.Vienne qui pourra, qui aura su patienter, qu'il vienne. Longue plus longue encore est l'attente, longue à nous endormir. Alors sans prévenir, tel l'éclat d'un sabre, l'instant file en fulgurance nous le voyons déjà fuir entre sommeil et éveil, nous voici conscient et empli de nostalgie, si fulgurant et dans la lame nous avons vu se refléter Sa face. De ce bref, très bref instant, rappelons-nous, c'était à la lisière du rêve. C'est un souvenir qui vient en le transcrivant, il se découvre par l'observation et la contemplation de son reflet, de son ombre, de sa projection terrestre.

Ce sont six tapisseries retrouvées dans un château. Elles ont été largement décrites et commentées. Elles évoquent dans l’œuvre et elles invoquent chez ceux qui la regardent, une fulgurance, un saisissement entier, une extraction déchirante du réel. Et elles nous laissent hébété et nostalgique. Une nostalgie qui peut s'oublier dans les irisements de la surface, ou qui peut aller en ampleur dans les profondeurs. Elle suscite la conviction, la lecture, la mise en paroles de l'expérience, et c'est en dessinant cette mise en parole, ce récit, cette explication des tapisseries, par l'expression de ce qu'elles sont à nos yeux, que l'on découvre l’entremêlent entre nous et elles. Nous remontons les fils et de la multitude des observations se révèle la très faibles constante dont la répétition sera l'éblouissance.

C'est là mon point de vue, celui d'un analyste de tapisseries, c'est bien présomptueux de penser cela, que c'est en les analysant, que les tapisseries peuvent nous parler, c'est manquer de confiance en elles. Elles n'ont pas besoin qu'on les active pour commencer à agir. Les tapisseries sont magiques, osons le dire. C'est bien présomptueux de dire ce qui va suivre, mais je le dis sans orgueil, les tapisseries sont tissées en Son nom, avec Son nom étendu en fils très fins tout proches et s'entremêlent d'autres fils, infinis, allant selon Ses inflexions, se manifestant sans peine.