Il y a deux livres de la légende shinto : le Kojiki (Chronique des faits anciens) écrit en 712 et le Nihonshoki (Chroniques du Japon) écrit en 720. Ce sont des recueils, des chroniques, des arrêts sur image d’un mythe. Le Nihonshoki, au début au moins, raconte la même histoire que le Kojiki, mais avec une tournure déroutante de reviens en arrière, plus ou moins haut dans la ramification des alternatives. Il s’agit en fait d'œuvres de folkloristes, arrêtant la légende orale, comme le firent un millénaire après eux les frères Grimm. Le Kojiki est donc, comme un conte populaire, propice à l'interprétation, expression du plus indicible et du plus partagé, par ce qui fut érodé des centaines d'années durant, non seulement dans les temples mais le soir, sous le toit de paille gorgé de pluie, ou le jour à la rizière, le récitant en silence.

Écrit en japonais avec des caractères chinois, le Kojiki est non seulement le plus ancien, mais aussi le plus illisible des textes japonais. On peut en trouver de plus ou moins bonnes traductions françaises, le plus souvent elles-même traduites de l’anglais de Chamberlain de 1882.« Mon kojiki » sera la traduction anglaise de Gustav Heldt éditée en 2014 par l'unité de Columbia [Heldt, Gustav. 2014. The Kojiki: An Account of Ancient Matters. New York: Columbia University Press], relue et validée par ses pairs américains et japonais, intégrant le travail accompli par les précédentes traductions et des décennies de recherche sur ces textes et sur les premiers temps du Japon.

Izanami et Izanagi

Des six générations qui précèdent le couple Izanami - Izanagi, nous n’aurons à connaître qu’un kami (dieu) : Takamimusubi « le grand créateur», second des trois kamis de la création, le premier esprit manifesté. Septième génération des couples divins, Izanami et Izanagi sont les premiers kamis à descendre sur terre. Leurs nom signifient pour Izanami : celle qui invite (on retiendrait le “m” de femme) et pour Izanagi : celui qui invite (on retiendrait le “g” de garçon). Les noms japonais ont cela de beau que souvent ils ont un sens. Il sera donc question de qui invitera l’autre.

Les six premières générations de kamis donnèrent à Izanami et Izanagi la mission de descendre des Cieux pour façonner la terre. Du haut du pont flottant céleste, Izanagi plongea la pointe de sa divine lance dans l’océan et, en la relevant, projeta des concrétions de sel qui formèrent la première île du Japon. Ils descendirent et découvrirent un pilier sacré et un palais. Ils se décrivirent l’un à l’autre : son corps à elle était vide en un endroit, et à cet endroit son corps à lui avait quelque chose qui dépassait. Izanagi invita Izanami à s’unir pour donner naissance à la multitude du monde. Mais avant ils durent se séparer pour contourner le pilier, elle par la droite et lui par la gauche. Se retrouvant de l'autre côté, elle s’exclama : « Quel beau jeune-homme ! » De leurs deux premiers coïts naquirent une sangsue qu'ils abandonnèrent sur un canot fait de roseaux, puis une île d’écume. Déçus de leur descendance, ils demandèrent conseil aux kamis, là-haut. Les kamis consultèrent l'oracle des os brûlés, et la réponse fut simple : aucun bien ne viendrait du fait que la femme avait parlé la première. Ils redescendirent du paradis, firent à nouveau le tour du pilier et Izanagi parla le premier « Quelle belle jeune fille ! » Ils purent alors façonner la terre, donnant vie à la myriade des kamis de ce monde.

Après de nombreux coïts et de nombreuses naissances, naquit Kagutsuchi, l’esprit du feu. Izanagi, brûlée aux parties intimes, tomba malade, et mourut « de la mort d’un esprit ». Son corps fut porté dans le pays de Yomi, l’Outremonde. Izanagi, après avoir tranché Kagutsuchi en pièces, partit à la poursuite d'Izanami, decendant dans les galeries obscures de l'Outremonde. C'est elle qui vint à sa rencontre, restant cependant cachée dans l'ombre, derrière le seuil d'un palais. Il la supplia tendrement de le rejoindre. Si seulement il était venu plus tôt ! Izanami avait déjà mangé en ces terres et elle devait aller demander aux kamis de l’Outremonde la permission de repartir. Avant de s'éloigner elle le mit en garde, lui défendant strictement de la regarder. Mais elle partit longtemps, et l'attente devint insupportable. Incapable de résister à l'envie de revoir son amour, peut-être aussi par curiosité de ce qu'elle était devenue, ou pour s'assurer qu'il s'agissait bien d'Izanami, peut-être saisi par le doute, l'on ne sait pas, Izanagi brisa une large dent de son peigne (celui qu'il portait dans sa mèche de cheveux bouclant à gauche) qu'il changea en torche et, épiant les ténèbres, découvrit Izanami recouverte d’asticots se tortillant et rampant à l'intérieur et à l'extérieur de son corps, et des huit esprits de la foudre.

Izanagi prit peur et s'enfuit. Izanami, rendue furieuse par la honte de son époux, lança à sa poursuite les sorcières répugnantes. Izanagi défit les liens de vigne noire tenant sa puissante chevelure et les jeta : les liens se changèrent immédiatement en raisins de montagne et les sorcières s'arrêtèrent pour les dévorer. Mais cela ne fit que les ralentir avant qu'elles repartent à sa poursuite. Il saisit le peigne (celui qu'il portait dans sa mèche de cheveux bouclant à droite) et le jeta : le peigne se changea immédiatement en pousses de bambou et les sorcières s'arrêtèrent à nouveau pour les dévorer. Izanagi prit à nouveau la fuite mais Izanami lança à sa poursuite les huit esprits de la foudre escortés de mille-cinq-cents guerriers. Il continua de fuir, agitant son épée derrière lui, mais ils le poursuivirent. Parvenu au pied de la pente douce conduisant à l'Outremonde, il cueillit trois pêches qui poussaient à un arbre et, adoptant une posture menaçante, parvint à faire fuir ses assaillants. Izanagi honora les pêches du titre de " grandes et merveilleuses majestés sacrées " et leur demanda de venir en aide à tous les mortels qui rencontreraient la peine et la souffrance.

Izanami elle-même arriva. Alors Izanagi souleva un immense rocher qu'il aurait fallu mille hommes pour tirer, et avec ce rocher il boucha la porte de l'Outremonde. Izanami parla la première, lui promettant, s’il la quittait, d’étrangler chaque jour mille mortels. Izanagi lui répondit qu'alors il monterait chaque jour mille-cinq-cents huttes de naissance, et il la quitta.

Amaterasu et Susanoo

Immédiatement Izanagi alla se purifier dans les eaux, au pied d’un oranger. Après avoir, de ses ablutions, donné naissance à une vingtaine de kamis, il donna naissance à la huitième génération de kamis : nettoyant son œil gauche, il donna vie à Amaterasu, la déesse lumineuse des cieux (du titre de ôkami : haute kami) ; nettoyant son oeil droit, il donna vie à Tsukuyomi la déesse de la nuit; et de son nez il donna vie à Susanoo, le tumultueux kami de la terre. Amaterasu fut chargée de régner sur les Cieux tandis que Susanoo régnerait sur la terre.

Susanoo, en larmes, implora Izanagi de lui permettre de rejoindre sa mère dans l'Outremonde. Furieux, Izanagi le chassa. Susanoo monta aux Cieux et, le voyant arriver, Amaterasu se para de son arc et de centaines de flèches. Mais il lui promit que ses intentions étaient bonnes, qu'il était venu lui dire au-revoir. Elle refusa de le croire, mais il lui proposa de s'unir, ce qu'elle sembla ne pas pouvoir refuser. Ils s’unirent chastement, échangeant des objets, chacun de son côté de la rivière céleste. Izanami demanda à Susanoo son épée, elle la brisa en trois morceaux qu'elle plongea dans la rivière, donnant vie à trois kamis filles. Susanoo demanda à Amaterasu les colliers de pierres incurvées qu'elle portait en nœuds à ses cheveux et en bracelets à ses bras. Les croquant et les crachant, il donna vie à cinq kamis garçons. Mais Amaterasu revendiqua les cinq garçons qui étaient faits de ce qui lui appartenait, accordant à Susanoo les trois filles.

Furieux, Susanoo foula les rizières et recouvrit le palais de ses excréments. Amaterasu lui trouva cependant des excuses à ses outrages. Alors, à travers le toit de l'atelier de tissage des vêtements des prêtres, Susanoo jeta un poulain écorché à l'envers. La déesse des lissières, tissant avec une navette (un objet oblong), surprise et choquée, s'enfonça la navette dans le sexe et mourut. Amaterasu, furieuse, s'enfuit dans une caverne qu’elle scella d’un rocher qu'elle seule pouvait déplacer, plongeant les Cieux dans l'obscurité.

Les kamis, criant, furent proie aux calamités d'une nuit sans fin. Ils tentèrent par tous les moyens de faire sortir Amaterasu de sa grotte, que ce soit par des prières, par le chant de coq ou par divers rituels, mais rien n'y fit. Désespérés, ils s'en remirent à l’oracle d’une clavicule de cerf brûlé. L'oracle leur désigna un plan : ils déterrèrent un arbre, aux branches du haut ils accrochèrent des pendentifs, aux branches du milieu un miroir immense, et aux branches du bas des papiers de prière; un kami entonna des hymnes de prière, un autre se cacha à l’entrée de la caverne, et Amenouzume « la déesse couronnée des cieux » dansa devant le rocher. Amenouzumue, couronnée de branches de laurier et les bras cerclés de lianes de vigne, prit dans chaque main un bouquet de bambou séché et, sur un tonneau renversé à l’entrée de la caverne, frappa bruyamment. Elle devint possédée à sa musique, montrant ses seins et poussant sa ceinture sous ses parties intimes, faisant trembler les hautes plaines célestes du rire des myriades de kamis.

La clameur parvint à Amaterasu, à travers le rocher par lequel elle s'était séparée du monde. Intriguée, curieuse de ce qui se passait au dehors, elle ouvrit une fissure dans la fermeture de la caverne et, découvrant la danse d'Amenouzume, elle s'exclama ( trad. personnelle [Heldt 2014] ) :

« Car je m'étais cachée, les hautes plaines du paradis sont devenues obscures et le royaume central des plaines roseaux fut jeté dans l'ombre, en tout cas c'est ce que j'ai pensé. Pourquoi, alors, Amenouzume, la déesse couronnée des cieux, chante et danse-t-elle ? Et pourquoi les nombreux esprits dans leur multitude rient-ils tout haut ? »

Amenouzume répondit : « Nous rions et nous dansons car il y a un esprit ici qui est encore plus magnifique que vous, oh ma divine. »

Tandis qu' Amenouzume disait celà, deux kamis placèrent un miroir devant la fissure. Plus intriguée encore, Amaterasu rampa lentement au dehors vers sa semblance lumineuse. Alors le kami qui attendait, caché à l'entrée, la saisit par le poignet et la tira au dehors. Un autre kami brandit un lien, une corde sacrée dont les brins de paille finissaient vers le bas, et la tendant derrière Amaterasu, proclama : « Tu ne retourneras pas ici ! »

Amaterasu fit un pas en avant, illuminant les hautes plaines célestes de sa radiance.

[(trad. kamigakari) : est-ce que le mot apparaît dans le Kojiki ?]

Susanoo fut expulsé des Cieux. Il descendit là où se trouve aujourd'hui le grand temple Izumo, à l'ouest de la péninsule de Shimane. Voyant une baguette flotter sur une rivière, il remonta le courant jusqu'à tomber à al rencontre d'un couple de vieux et leur fille. Ils lui apprirent qu'un dragon à huit têtes avait dévoré leurs sept premières filles et que le dragon reviendrait bientôt leur dernière fille. Susanoo leur offrit de combattre le dragon en échange de la main de leur fille. Ils acceptèrent et l'aidèrent dans son stratagème : il leur fit brasser un saké huit fois pour qu’il soit fort, puis il leur en fit remplir huit tonneaux, il leur fit bâtir une palissade avec huit portes, et leur fit déposer un tonneau de saké devant chaque porte. Le dragon arriva et, enfonçant chacune de ses têtes dans une porte, but le saké avant de sombrer dans l’ivresse. Profitant de son sommeil, Susanoo le trancha en pièces jusqu’à ce que la rivière des esprits devienne rouge de sang. En coupant une queue du milieu, il brisa son épée. Intrigué, avec le tranchant brisé de sa lame, il ouvrit la queue en deux. Et là, dans les entrailles du dragon, il découvrit une magnifique épée qu'il saisit. Il alla retrouver Amaterasu et lui offrit la merveilleuse épée, accompagnée du récit de ses prouesses.

Le partage de la terre

(pour ne pas vous perdre, la partie du Kojiki qui suit a été résumée, omettant de nombreuses aventures et de nombreux noms de kamis pour aller à l'essentiel de la trame)

Okuninushi avait quatre-vingt frères et chacun d'entre eux désirait la même femme. Alors qu'ils parcouraient des rizières, les frères firent d'Okuninushi leur porteur et lui firent traverser un bras d'eau de mer. Selon le conseil de ses frères, il s'étendit au soleil pour sécher, mais sa peau se couvrit de brûlures et il manqua de mourir, mais les kamis de la mer lui vinrent en aide. Émue de la scène, la femme que tous ses frères désiraient promit de prendre Okuninushi pour époux. Fous de jalousie, ses frères le tuèrent. Il fut ressuscité par les kamis célestes, mais ses frères le tuèrent à nouveau, cette fois c'est sa mère qui le ressuscita. Poursuivi par ses quatre-vingt frères armés d'arcs et de flèches, il prit la fuite dans les profondeurs de l'Outremonde, devenu le royaume de Susanoo. Il y rencontra la fille de Susanoo et ils se promirent l'un à l'autre. Susanoo, faisant mine de l'accueillir, tenta de tuer Okuninushi dans son sommeil. Mais la fille de Susanoo puis une petite souris l'aidèrent. La fille de Susanoo fit manger à son père des pépins qui le plongèrent dans le sommeil. Avec Okuninushi ils attachèrent Susanoo par les cheveux, Okuninushi lui déroba son épée et son arc avant de bloquer l'entrée de la pièce avec un immense rocher. Lorsque Susanoo se réveilla, ils étaient déjà loin et ne put les rattraper.  Alors Susanoo chargea Okuninushi de soumettre ses frères, armé de l'épée et de l'arc qu'il lui avait dérobé. C'est ainsi qu' Okuninushi prit possession de la terre.

Cependant, du haut des cieux, Amaterasu et Takamimusubi (le premier esprit manifesté), jugèrent qu'il était de leur droit de régner sur la terre. Ils envoyèrent en vain un premier, puis un second émissaire, avant de se décider à commencer par pacifier la terre en y envoyant deux kamis, l'un diplomate (Amenotoribune « le bateau oiseau du paradis ») et l'autre guerrier (Takemikazuchinoo « l'esprit courageux au puissant du tonnerre »). Okuninushi les reçut, mais il ne lui appartenait pas de répondre, c’était à son fils Kotoshironushi « le maître qui parle pour beaucoup d’autres » de les recevoir. Kotoshironushi était sorti pêcher et chasser au Cap de la plume (juste après l'actuel port de Mihonoseki, à l’est de la péninsule de Shimane). Le kami diplomate, Amenotoribune, lui fit sa demande et Kotoshironushi, se tournant vers son père, le pria d’offrir la terre à ces enfants d’esprits célestes.

« Aussitôt, il tapa du pied et renversa son bateau. Puis il frappa dans ses mains, les paumes inversées, en signe de soumission au ciel. Une clôture sacrée tissée de brins verts apparut et il se cacha à l'intérieur. »

Kotoshironushi avait un second fils qui refusa de céder la terre. Il affronta le kami guerrier, Takemikazuchinoo, et c’est sur le point de succomber qu’il accepta soumission et obéissance à la lignée céleste. Selon la décision de ses deux fils, Okuninushi céda la terre à la lignée céleste, promettant qu’aucun de ses cent quatre-vingt enfants ne se rebelleraient à deux conditions : qu’il lui soit bâti un temple avec des piliers profondément enfoncés dans la roche et un toit montant jusqu’aux cieux (temple d’Izumo, à l’ouest de la péninsule de Shimane) ; et que son fils Kotoshironushi soit choisi pour servir l'arrière-garde et l'avant-garde des forces célestes.

Amaterasu envoya son petit fils régner sur terre et, après lui avoir offert l'épée de Susanoo et le miroir avec lequel elle avait été tirée hors de sa caverne, elle lui dit :

« Ce miroir n’est rien de moins que le vaisseau de ma très haute âme. Révère-le comme si tu t'inclinais devant ma personne. »

Trois variations du Nihonshoki

Le Nihonshoki, écrit en 720, introduit de nombreuses variations dans le mythe recueilli huit ans plus tôt dans le Kojiki. De ces nombreuses variations, trois m’ont particulièrement intéressé et trouveront leur place dans la suite de cette étude. Traductions personnelles de [Nihongi, Chronicles of Japan from the Earliest Times to A.D. 697. Translated from the original Chinese and Japanese by W.G. Aston. London 1896]

La naissance d’Amaterasu

Izanagi dit : « Je souhaite procréer le précieux enfant qui devra régner sur le monde. Il prit alors dans sa main gauche un miroir de cuivre blanc, après quoi une divinité fut produite par ce miroir, appelée Amaterasu. »

La cause de la colère d’Amaterasu

« Quand il (Susanoo) vit qu'Amaterasu était dans son palais sacré de tissage, engagée dans le tissage des habits des kamis, il écorcha un poulain pie céleste, et brisant un trou dans les tuiles du toit du palais, le jeta à l'intérieur. Alarmée par la surprise, Amaterasu se blessa avec la navette de tissage. Indignée par cela, elle s’enfuit tout droit dans la caverne céleste, et y resta reclue. Alors la constante obscurité surgit de partout, et l'alternance du jour et de la nuit fut inconnue. »

Le partage de la terre

« Tous ceux qui se rebellaient contre son autorité (du kami guerrier) étaient mis à mort, tandis que ceux qui lui rendaient obédience étaient récompensés. Les chefs de ceux qui lui rendirent obédience étaient Okuninushi et Kotoshironushi. Alors ils rassemblèrent les quatre-vingt kamis sur la haute place du marché céleste, et les guidant aux Cieux avec eux, déclarèrent leur dévouement loyal. Alors Takamimusubi commanda Okuninushi, lui disant : « Si vous prenez pour épouse une des kamis de la terre, je devrai toujours considérer que votre cœur est désaffecté. Je vais à présent vous donner ma fille Mihotsuhime pour être votre épouse. Prenez avec vous les quatre vingt myriades de divinités pour être les gardes de mon auguste petit fils à tous ses âges. » »